Qu’est-ce que le tissu adipeux blanc dermique (DWAT) ?
Le DWAT ou Dermal White adipose tissue est une couche de graisse située dans le derme réticulaire, juste sous l’épiderme. Il joue un rôle clé dans le maintien de la jeunesse(1) et de l’ élasticité de la peau.
Il possède un rôle de soutien structurel (comme un « matelas » sous la peau) mais également de réserve énergétique locale ainsi que production de signaux hormonaux (oestrogènes ) et de facteurs de croissance qui stimulent les fibroblastes (cellules productrices de collagène).
Les cellules adipocytaires qui le constituent ont un rôle protéiforme: elles sont en capacité de colmater une plaie en se transformant en fibroblastes, protéger la peau contre les agressions UV en cumulant des lipides, lutter contre une infection en fabriquant des protéines anti-infectieuses.(2)
Les études scientifiques concernant le DWAT depuis plus de 10 ans continuent à apporter leur éclairage et des éléments de compréhension sur cet incroyable tissu aux multiples fonctions immuno-modulatrice, régénération cutanée, anti-vieillissement …
Enfin, présent sur tout le corps, mais particulièrement important au niveau du visage, où il contribue à la plénitude et à l’aspect «rebondi» ou« plumpy » de la peau.
Comment fonctionnent les analogues du GLP-1 ?
Ces médicaments (Ozempic ® , Wegovy® , Saxenda ® ) imitent l’action d’une hormone intestinale ou incrétine GLP-1 ou Glucagon-Like Peptide – 1 sécrétée en réponse à un repas.
Les analogues de cette hormone permettent un rassasiement rapide et donc une diminution nette de l’apport calorique. Ils ralentissent également la vidange gastrique ce qui a pour effet de ralentir l’absorption du glucose, ce qui a un effet bénéfique sur la glycémie post-prandiale et la sécrétion d’insuline.
Les dernières générations d’analogues tels que Moujaro® associent l’action sur cette hormone GLP-1 avec une action sur les récepteurs du GIP (peptide insulinotrope dépendant du Glucagon) en diminuant les fringales en activant le système de récompense du cerveau.
L’effet attendu mais néanmoins spectaculaire de la réduction de l’appétit ainsi que le ralentissement de la vidange gastrique est une perte de poids rapide et importante pouvant entrainer une réduction du volume graisseux sous-cutané y compris potentiellement, du D-WAT.
Y a-t-il des preuves scientifiques d’une interaction possible entre ces molécules et le tissu adipeux blanc dermique (DWAT), couche de graisse très particulière située dans le derme, élément clé de la vitalité cutanée et comment ces médicaments peuvent-ils modifier son épaisseur et son rôle dans le soutien cutané mais également dans la régénération et la protection cutanée.
Pourquoi les analogues du GLP-1 modifient-ils l’aspect de la peau ?
Perte de volume du DWAT
Plusieurs publications récentes (2023-2025) confirment l’association entre la prise d’agonistes du GLP-1 et la perte de volume facial, ainsi qu’une accélération du vieillissement cutané.
La réduction de la graisse sous-cutané semble entraîner une perte de soutien pour la peau, surtout au niveau du visage.Cela peut donner un aspect « creusé », avec des rides plus marquées et une apparence de vieillissement accéléré (« Ozempic face »).(3)
Diminution de la production de collagène
Le DWAT produit des signaux qui stimulent les fibroblastes à fabriquer du collagène. Les agonistes du GLP-1 pourraient réduire la production d’œstrogènes par le DWAT, ce qui diminue la stimulation des fibroblastes et donc la production de collagène (4).
D’autres mécanismes d’action sont évoqués notamment l’altération de la fonction des cellules souches adipocytaires (ADSCs) (3)
D’autres recherches explorent le rôle des produits de glycation avancée (AGEs) et de leur récepteur (RAGE) dans l’accélération du vieillissement cutané sous GLP-1.
Que faire pour limiter les effets de ces analogues sur la peau ?
Prendre conscience des effets des analogues sur la réduction globale des compartiments graisseux profonds et superficiels de la peau mais également de la graisse du derme réticulaire Dwat, c’est prendre conscience de leur potentiel d’accélérateurs du vieillissement sur le visage notamment.
Une approche préventive serait d’accompagner ces patients avec des injections d’hydrogels d’Acide Hyaluronique dans le derme pour pallier à la perte dans ce fameux Dwat .
Ces AH de haut et bas poids moléculaires spécifiques ou HCC (hybrides complexes coopératifs) dont la rhéologie se rapproche au plus près de la densité du tissu graisseux s’intègrent parfaitement dans ce tissu. Ces AH de nouvelle génération à haute concentration, tel Structura® (laboratoire IBSA derma) ont une formulation spécifique permettant de stimuler la vitalité (activité) et la viabilité (nombre) des cellules adipocytaires du Dwat.
Une combinaison avec les inducteurs de collagène type Radiesse® pour leur effet de stimulation fibroblastique est également bénéfique .
La supplémentation orale pour lutter contre le stress oxydatif avec des actifs comme la SOD ou l’acide alpha-lipoïque, mais également une routine skincare anti-âge est fortement recommandée.
(1)Skin aging: are adipocytes the next target? Kruglikov IL, Scherer PE.Aging (Albany NY). 18 juill 2016.
(2)Dermal White Adipose Tissue: A Newly Recognized Layer of Skin Innate Defense Stella X. Chen and al 2019 Journal of Investigative Dermatology
(3)GLP-1RA and the possible skin aging, Ioanna A Paschou, Evangelia Sali, 2025 Jun 11, Endocrine.
(4)Decoding the implications of glucagon-like peptide-1 receptor agonists on accelerated 4 facial and skin aging. Z. Ridha, S.G. Fabi, R. Zubair, S.H. Dayan. Aesthet. Surg. J. (2024).