Pourquoi mes rougeurs reviennent ?

Publié le 20 octobre 2025 .

Médecine esthétique

Les rougeurs cutanées, qu’elles soient diffuses, localisées ou associées à des sensations de chaleur, sont un motif fréquent de consultation en médecine esthétique.  Pourtant, malgré leurs efforts, de nombreux patients constatent la récidive de ces rougeurs. Pourquoi ce phénomène persiste-t-il ? La réponse est multiple, elle implique non seulement l’évolution naturelle de certaines pathologies (évolution en poussée dans l’eczéma, flush caractéristique de la rosacée), le rôle du microbiote cutané et digestif, l’exposition aux xénobiotiques, les déséquilibres hormonaux, la pollution, le stress, l’alimentation, mais aussi l’utilisation de produits cosmétiques inadaptés.

rougeurs

L’évolution en poussée de certaines pathologies cutanées

Plusieurs maladies cutanées érythrosiques (caractérisées par des rougeurs) sont connues pour évoluer par poussées.

La Rosacée (Rosacea)

La rosacée est une maladie chronique fréquente, principalement du visage, qui évolue par phases et poussées:

  • Phase vasculaire (ou érythémato-télangiectasique) caractérisée par des bouffées vasomotrices (rougeurs transitoires et sensation de chaleur) et, souvent, des rougeurs persistantes (érythème) au centre du visage (joues, nez, front, menton) et la présence de petits vaisseaux dilatés ( couperose ou télangiectasies). Ces bouffées peuvent être déclenchées par la chaleur, l’effort physique, les émotions, l’alcool, les plats épicés, etc
  • Phase papulo-pustuleuse : apparition de papules (petits boutons rouges en relief) et de pustules (contenant du pus), qui sont des manifestations des poussées inflammatoires, sur l’érythème du visage

La Dermatite Atopique (Atopic Dermatitis)

La dermatite atopique (eczéma atopique) est une maladie inflammatoire chronique de la peau, caractérisée par des poussées de lésions.

Les plaques d’eczéma sont typiquement érythémateuses (rouges) et prurigineuses, avec une desquamation (squames), et elles apparaissent lors des poussées sur une peau sèche (xérose). Chez les adultes, elle peut aussi évoluer vers une érythrodermie lors d’une poussée sévère.(1)

Le microbiote cutané : un acteur central de l’inflammation

Dysbiose et rougeurs

La peau abrite un écosystème complexe de bactéries, champignons et virus, formant le microbiote cutané. Cet équilibre est essentiel pour maintenir une barrière cutanée saine et une réponse immunitaire adaptée. Lorsqu’il est perturbé (dysbiose), la peau devient plus vulnérable aux agressions extérieures et à l’inflammation.

  • Rosacée et microbiote : Les patients atteints de rosacée présentent une surreprésentation de bactéries comme Bacillus oleronius et une diminution des Staphylococcus epidermidis protecteurs. Cette dysbiose active des voies inflammatoires, entraînant dilatation des vaisseaux sanguins et rougeurs persistantes (2)
  • Rôle des champignons : Une étude de 2025 a montré que le mycobiome (ensemble des champignons cutanés) est également altéré chez les personnes souffrant de rougeurs chroniques, avec une diversité fongique réduite et une prolifération de levures (3)

L’axe intestin-peau

Le lien entre microbiote intestinal et santé cutanée est désormais bien établi. Un déséquilibre intestinal (dysbiose, SIBO, prolifération de Helicobacter pylori ),  peut aggraver les rougeurs via la production de molécules pro-inflammatoires qui atteignent la peau par la circulation sanguine (2).

La présence d’une hyperperméabilité intestinale ou Leaky Gut Syndrom peut entraîner une inflammation systémique pouvant se manifester par rougeurs, démangeaisons, aggravation de l’eczéma et de la rosacée. En effet, lorsque la barrière intestinale est altérée par le stress, les cures d’antibiotiques précoces ou prolongées, la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, un déséquilibre de l’alimentation, des toxines et des fragments bactériens se retrouvent directement relargués dans le sang. Cela provoque des conflits immunitaires ainsi qu’une production de cytokine pro-inflammatoire (4).

Un intestin en souffrance se manifeste souvent également par des intolérances alimentaires (gluten, lactose, FODMAPs ou sucres fermentescibles) pouvant déclencher une réponse inflammatoire systémique qui se répercute sur la peau et aggrave les rougeurs et la sensibilité.

Les xénobiotiques et la pollution : des agressions invisibles.

Les xénobiotiques (substances étrangères à l’organisme, comme les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les conservateurs synthétiques) sont omniprésents dans notre environnement. Ils perturbent le microbiote cutané et déclenchent des réactions inflammatoires.

Les cosmétiques et soins inadaptés contiennent certains conservateurs (parabènes, phénoxyéthanol) ou parfums synthétiques qui agissent comme des xénobiotiques, altérant la barrière cutanée et favorisant les rougeurs. Une étude de 2025 a montré que l’exposition répétée à ces substances augmente la perméabilité de la peau et la sensibilité aux agressions extérieures.

Pollution atmosphérique : Les particules fines (PM2.5) et les gaz polluants (ozone, NO2) activent les récepteurs de l’inflammation cutanée, exacerbant les rougeurs et la sensibilité de la peau. Les habitants des zones urbaines présentent ainsi un risque accru de dysbiose cutanée et de pathologies inflammatoires.

La pollution et les xénobiotiques génèrent un stress oxydatif, responsable d’un vieillissement prématuré de la peau et d’une inflammation chronique. Les radicaux libres endommagent les lipides de la barrière cutanée, rendant la peau plus réactive et sujette aux rougeurs.

Le rôle des hormones et du stress.

Déséquilibres hormonaux et rougeurs

Les fluctuations hormonales (cycle menstruel, ménopause, grossesse) influencent la production de sébum et la réponse inflammatoire de la peau. Les œstrogènes, par exemple, modulent l’activité des glandes sébacées et la perméabilité vasculaire, ce qui peut aggraver les rougeurs chez certaines femmes.

Une étude récente a mis en évidence un lien entre les poussées de rosacée et les variations du taux d’œstrogènes, notamment pendant la péri-ménopause.

Le stress, un facteur aggravant

Le stress chronique active l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), entraînant une surproduction de cortisol. Ce dernier affaibli la barrière cutanée et favorise la libération de neuropeptides pro-inflammatoires, comme la substance P, qui dilatent les vaisseaux sanguins et intensifient les rougeurs.

L’alimentation : un levier souvent sous-estimé

Certains aliments (sucres raffinés, produits laitiers, gluten, alcool, épices) peuvent déclencher ou aggraver les rougeurs chez les personnes prédisposées.

Ils favorisent la libération d’histamine et de cytokines pro-inflammatoires, ou perturbent le microbiote intestinal, avec des répercussions cutanées.

Les aliments riches en histamine (vin rouge, fromages affinés, charcuterie) peuvent provoquer une vasodilatation, des bouffées de chaleur ou flush cutanés chez les personnes sensibles.

À l’inverse, une alimentation riche en oméga-3, en polyphénols (fruits rouges, thé vert) et en probiotiques (yaourt fermenté, kéfir, choucroute) peut aider à restaurer l’équilibre du microbiote et à réduire l’inflammation.

Skincare inadaptée : quand les soins aggravent le problème!

Les nettoyants détergents, les exfoliants mécaniques ou chimiques trop fréquents, et les actifs irritants (rétinol, acides à haute concentration) peuvent détruire le film hydrolipidique de la peau, laissant le microbiote vulnérable et la barrière cutanée.

Bon nombre de patients se font prescrire de la trétinoïne pour ses effets anti-âge sans se soucier de la desquamation, de l’inflammation générée par des rétinoïdes appliqués sur des peaux sensibilisées.

Les peaux à rougeurs nécessitent des soins à pH physiologique, sans alcool ni parfum, et enrichis en céramides, en acide hyaluronique et en prébiotiques pour permettre de restaurer la barrière cutanée.

Agir sur tous les fronts pour une peau apaisée

Les rougeurs récurrentes sont le reflet d’un déséquilibre global, impliquant le microbiote cutané et intestinal, l’exposition aux xénobiotiques, les hormones, le stress et l’alimentation. En adoptant une approche holistique :  soigner son intestin, protéger sa peau, gérer son stress et adapter son mode de vie, il est possible de briser le cercle vicieux des rougeurs et de retrouver un teint apaisé et équilibré.

Cela passe par un bilan cutané parfois digestif à la recherche d’intolérances et ou un test de perméabilité digestive ainsi qu’une prise en charge personnalisée et hyperspécialisée.

Sources

  1. Update on the pathogenesis of atopic dermatitis Dermatol. 2024 Nov-Dec; Paulo Ricardo Criado
  2. The Skin Microbiome in Rosacea: Mechanisms, Gut-Skin Interactions, and Therapeutic Implications Cutis. 2025 Jul Aniket Asees
  3. Integrative Analysis of Fungal and Bacterial Microbiomes Across Skin, Blood, and Stool in Rosacea PatientsInt J Mol Sci. 2025 Aug Marie Isolde Joura
  4.  Rosacea, microbiome and probiotics: the gut-skin axis Front Microbiol . 2024 Jan Pedro Sánchez-Pellicer

Article rédigé par le DOCTEUR HIND BENAKKI

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